Sexisme ordinaire et femmes en situation de pouvoir : le témoignage de Lauréanne

Plusieurs femmes provenant de diverses régions du Québec ont participé à un laboratoire d’exploration unique organisé par Citoyenneté jeunesse dans le cadre d’Amplify, un projet transatlantique de deux ans visant à amplifier la voix des jeunes dans la recherche de solutions durables. Ce laboratoire portait sur l’égalité des genres sous la lunette spécifique du sexisme ordinaire vécu par les femmes de 35 ans et moins. 

Parler de la question du sexisme ordinaire, c’est ouvrir le dialogue sur l’importance de la représentativité des femmes dans les instances décisionnelles. Citoyenneté jeunesse est heureuse de collaborer avec les participantes du laboratoire et d’offrir un espace où quelques jeunes femmes pourront partager leur expérience dans le cadre d’une série de témoignage. 

Pour en apprendre plus sur le projet Amplify : https://oxfam.qc.ca/amplify-fr/

Le témoignage de Lauréanne Cauchy-Richer

Décris-nous, en quelques phrases, ton parcours professionnel et engagé.

J’ai débuté réellement mon implication au niveau collégial, en intégrant l’association étudiante du Cégep de Victoriaville. J’y ai développé beaucoup d’intérêt pour les enjeux étudiants et féministes, et pour les questions d’égalité en général. J’ai poursuivi dans cette branche en tant que vice-présidente de la Fédération étudiante collégiale du Québec, où j’ai pu approfondir mes connaissances de l’écosystème jeunesse au Québec. Je suis depuis revenue à Victoriaville, avec l’intention de m’impliquer à un niveau plus local. J’y coordonne le tout nouveau conseil jeunesse. Ces années d’implication m’ont ouvert plusieurs portes, tant à Montréal qu’à Victoriaville, et même parfois à l’international ; je compte donc à mon tour redonner et ouvrir des portes à des jeunes qui commencent dans le milieu de l’implication.
 

Parle-nous d’un moment où tu as vécu du sexisme ordinaire, au travail ou dans ta vie personnelle (ou d’un moment où tu en as été témoin).

Le sexisme ordinaire est insidieux, dans le sens où on peut rarement identifier précisément un seul moment, ou un moment marquant, où on l’a vécu. Je me rappelle m’être fait accoster dans la rue par des hommes saouls, à jeun, en voiture ou à pieds. Je me souviens m’être fait complimenter (ou réprimander!) pour ma tenue et ma coupe de cheveux alors que je venais de présenter un travail ou d’atteindre des objectifs d’emploi. J’ai déjà reçu des insultes sexistes, que je ne nommerai pas, lorsque je travaillais au service à la clientèle, mais aussi dans des milieux dits « professionnels ». Sans pouvoir identifier le pire moment, le moment le plus marquant, ma mémoire n’a pas à chercher bien loin pour trouver des exemples concrets de sexisme.

En quoi des gestes constituant du sexisme ordinaire peuvent freiner l’accès des femmes aux milieux de pouvoir ?

De façon évidente, les insultes sexistes et le sexisme « flagrant » gênent l’accès aux femmes aux lieux de pouvoir, en les rabaissant, en les faisant sentir moins bonnes, en les poussant hors de la conversation. Le sexisme ordinaire, bien que moins visible, fait tout autant de ravages selon moi. Si on assume d’emblée que certaines tâches doivent revenir à des hommes, ou à l’inverse à des femmes, on ferme le champ de possibles à ces femmes. Le sexisme ordinaire est aussi, à mon avis, l’une des causes d’un fléau très répandu chez les femmes : le syndrôme de l’imposteur. L’ayant moi-même vécu, je sais que beaucoup de femmes, et des jeunes femmes de surcroit, se considèrent moins aptes que leurs collègues masculins, sans toutefois nécessairement l’identifier de cette façon. Au final, le sexisme ordinaire est souvent minimisé, puisqu’il ne part pas nécessairement d’une intention consciente de blesser ou de rabaisser ; cependant, les effets en sont tout aussi dévastateurs chez la confiance et le pouvoir d’agir des femmes.

Quel est, selon toi, le meilleur moyen pour qu’il y ait davantage de femmes dans les lieux de pouvoir au Québec ?

C’est une question difficile, puisqu’il y a plusieurs réponses et avenues possibles. Je crois que la question de la représentation est importante ; en ce sens, plus il y aura de femmes, et de femmes différentes, dans les milieux décisionnels, plus les femmes se sentiront à leur place dans les lieux de pouvoir et les investiront. Mais si c’était aussi facile que de prendre la place qui nous revient, il n’y aurait déjà plus d’inégalités! Il faut que les entreprises, lieux de pouvoir, instances décisionnelles et décideurs publics fassent plus de place aux femmes de tous horizons, et il faut que des mesures concrètes soient misent en place tant que l’égalité ne sera pas atteinte. Il faut également que les contrevenants, que ceux qui trouvent des moyens détournés de payer moins les femmes, que ceux qui justifient d’une façon ou d’une autre de ne pas octroyer des promotions à des femmes, brefs, que les milieux où perdure le sexisme soient réprimandés. Il s’agit d’un chantier collectif, et tous doivent prendre leurs responsabilités.

Quelle autre femme de ton entourage occupant un lieu de pouvoir trouves-tu inspirante ?

Claudie Leroux-Levasseur! Je ne sais pas si elle occupe présentement un lieu décisionnel, mais elle en a occupé de nombreux depuis qu’on se connait. 

DÉFINITIONS

Sexisme 

Attitude discriminatoire fondée sur le sexe.

LAROUSSE

Sexisme ordinaire

Banalisation d’attitudes, de comportements ou de réflexions misogynes.

Le Devoir 

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